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Brest II, un urbanisme de séduction

mardi 26 mars 2013

Conférence de Daniel Le Couédic, jeudi 28 mars 2013 à la Salle Outremer, Centre Social de Bellevue

Texte de Paula Fourcheux

Architecte DPLG et docteur d’État en histoire contemporaine, professeur à l’UBO, Daniel Le Couédic travaille sur les doctrines et les théories qui impliquent l’aménagement, l’urbanisme et le paysage. Il se préoccupe également des architectures qui manifestent l’intention d’exprimer la particularité d’un pays ou d’une région.

1969 : on cesse de créer des ZUP ; pourtant l’acronyme survit , 169 ZUP ont été réalisées en France, dont 2 en Algérie.

Brest ne faisait pas partie des villes où l’Etat envisageait de construire une ZUP

1958 : création de la SEMAEB ; la Bretagne est la première région à monter un tel organisme pour l’aménagement de son territoire.

1959 : le dossier de ZUP de Brest est accepté par l’Etat grâce à l’activisme de George Lombard, du soutien du CELIB, de Maurice Piquemal et Henri Auffret, (représentant de l’Etat pour la Reconstruction, devenu ami de George Lombard.)

Crise du logement endémique depuis le XVIIIè . Aujourd’hui, en France, moins de 5% des logements sont construits sans aide publique.
Déjà en 1872, Engels a publié un livre sur la question du logement.
La crise du logement a battu son plein après la guerre 14-18 ; cf exode rural
Le dispositif HBM (habitat bon marché) s’est avéré inefficace.
Pour contrer la pénurie, on construit mais souvent des logements de mauvaise qualité
Le mot urbaniste date de 1910.

LES PRINCIPES DE MODERNITE, LA CHARTE D’ATHENES

Les idées développées dans l’entre- deux guerres sont à rappeler pour comprendre Brest.
Mise en cause de l’avenir de la ville dans ses formes traditionnelles ; cf Robert Owen
1943 : publication de la Charte d’Athènes rédigée en 1933. Principes modernistes.
La ville traditionnelle est dissoute, répartie dans un parc.
Expérimentations dans l’entre deux guerres.
Le Corbusier, figure du modernisme, applique la charte d’Athènes.
1934 : Dravey ; 1ère apparition de l’expression Grand ensemble ; expression qui reste peu connue jusqu’aux années 60 car, avant, on en a peu construit. « La monstrueuse opportunité de la guerre. L’incendie créateur Cataclysmes vus comme occasion de tout renouveler
Les projets de Le Corbusier sont rejetés à Saint Dié.
Les principes de modernité sont appliqués aux portes des villes avec les ISAI, en fait des barres, par exemple à Brest, près de la place de Strasbourg
1951 : « chantiers d’expérience »
Grande exposition au Grand Palais « La rue en soi est périmée »
Industrialisation de l’urbanisme

A Brest, un chantier d’expérience : la construction des 4 tours de Quéliverzan (6 étaient prévues) : immeubles de grande hauteur, comme déposés sur le sol.

1953 : une loi pour résoudre la crise du logement
1958 : chantier de Kerbernier
1959 : Georges Lombard est élu maire
Dès 1957, 1er adjoint, il avait compris l’intérêt d’un collège scientifique et universitaire (CSU), projet défendu par l’opposition, en particulier par Robert Gravot
15 nov 1959 : inauguration du CSU
Prémisses d’un nouveau Brest, en lien avec le CELIB

G. Lombard veut inventer un destin civil à la ville historiquement militaire. (Avant, projet de port transatlantique dans la même conception).
Il souhaite faire de Brest la capitale occidentale de Bretagne, ce qui implique 3 éléments :
 réconcilier Brest et son arrière-pays
 masse critique de 300 000 habitants
 développer une université, des fonctions métropolitaines

1959 : l’Etat accepte le dossier ZUP de Brest
1963 : pose de la première pierre de la ZUP et inauguration du pont du Bouguen

Nb : pour les élections municipales de 1965, G. Lombard avait convaincu R. Gravot et F. Le Blé de la SFIO de figurer sur sa liste. Mais la SFIO les avait désavoués.

BREST 2, UNE ZUP A LA HAUTEUR DE SES AMBITIONS

Ambition : faire de Brest 2 la plus belle ZUP de France.
Critères : site, plan masse, phasage du programme, pertinence des réalisations :50% de logements publics, 50% de logements privés.
On l’a fait en réalisant toute la gamme de logements publics.
Une seconde tranche de ZUP était prévue mais il y a eu la lutte d’habitants contre la densification (qui cachait peut-être une autre lutte beaucoup plus politique) et l’augmentation de l’attrait de la maison individuelle.
Chiffres de la densité : Siam : 230 logements par hectare
ZUP si on l’avait achevée : 75 logements à l’hectare
On a stoppé la construction sur l’avenue de Tarente. On a construit La Cavale Blanche, 1 des premières ZAC de France.
Le lycée a glissé de Bellevue à la ZAC de La Cavale.
Maisons individuelles : 72% des logements à Brest contre 55% en France
Site choisi : relié aisément au centre ville avec la construction du pont ; relief ; rives de Penfeld.

Phasage respecté : réalisation rapide, en 14 ans (à comparer avec les Capucins)
Mixité sociale réalisée : actuellement encore, et plus que dans les autres ZUP, y existent par exemple nombre de cabinets médicaux.
Constructions remarquables : petite cité radieuse (demande d’inscription aux Monuments historiques ?).

Aujourd’hui, à Bellevue, les transactions immobilières semblent se faire dans une bonne gamme de prix.
A noter : les nombreux grands logements, rares ailleurs.
Bellevue ne peut être qualifié de quartier populaire : il comprend 50% de logements privés.

Des équipements de haut niveau y existent pour lesquels la collectivité met le prix.

Bellevue fête ses 50 ans. Peu de ZUP semblent le faire.

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